Quand Elias Bachoura pince les cordes de son oud, c’est tout un monde qui se dessine : celui des grands maîtres du oud, mais aussi Bruxelles avec son Manneken-Pis qu’il esquisse en filigrane. Le musicien belgo-syrien sort aujourd’hui son premier album solo, Biharayto, qui signifie « à la fin » ou « enfin » en araméen. Après près de 20 ans de présence constante et discrète sur la scène musicale bruxelloise, il se livre dans un album puissant et personnel qui oscille entre Damas et Bruxelles et où les influences orientales des maqâms syriens s’entrelacent avec une écriture plus contemporaine.

Formé au Conservatoire de Damas puis au Conservatoire Royal de Bruxelles, Elias Bachoura a bâti ici une vie d’artiste complète. Musicien, compositeur, pédagogue, professeur de oud à Muziekpublique depuis quinze ans, il a accompagné d’innombrables projets sans jamais poser sa propre musique sur un album solo. À 51 ans, c’est chose faite.

Les huit compositions de Biharayto, écrites entre 1998 et 2012, ont mûri pendant des années entre Damas, Alep et Bruxelles. Certaines sont nées avant son départ de Syrie, d’autres pendant la guerre. Cet album intime et profondément humain évoque la mémoire et l’exil, la perte et la transmission, ce qu’on emporte quand on quitte un pays et ce qu’on reconstruit ailleurs. Une musique pleine et entière qui refuse farouchement de choisir entre ses héritages et qui délivre enfin les compositions qu’Elias portait en lui depuis des décennies.