À Tsengel, dernier village de l’Altaï à l’ouest de la Mongolie, ce remarquable musicien maîtrise à merveille les différents styles diphoniques typiques des Touvas : khöömei (chant diphonique pressé), sygyt (chant diphonique sifflé), kargyraa (chant diphonique profond), ezenggileer (lit. « étriers »), et borbangnadyr (lit. « roulant »). Accompagné par Johanni Curtet, spécialiste du chant diphonique en Occident qui a arrangé et produit son premier album, Batsükh nous chante sa culture nomade à travers montagnes et voyages, en imitant les rythmes des chevaux et l’écoulement de l’eau. Un artiste rare et entier : car luthier, il joue de son propre son ; et compositeur, il apporte une contribution majeure à sa tradition.
Ce blues de l’Altaï est un son qui est le sien, et celui de cette rencontre entre un musicien touva et un musicien ethnomusicologue français en quête de sons harmoniques, où l’art du khöömei les unit. C’est une interprétation libre et spontanée, à la recherche d’un son acoustique folk dans les grands espaces. Des compositions dans les codes de la tradition, des traditionnels touvas revisités, une vièle qui nous fait oublier la temporalité, un luth qui rythme nos cavalcades, des diphonies qui nous relient aux éléments, une musique hors du temps, en l’honneur de nos ancêtres.
– Batsukh Dorj : khöömei (chant diphonique, chant de gorge), igil vièle, doshpuluur luth, shuur flûte, khomus guimbarde, attinduyou sabots de cheval, khai flûte de nez
– Johanni Curtet: khöömei (chant diphonique, chant de gorge), guitare, doshpuluur luth, dan moi guimbarde