Il n’y a pas de lieu plus indiqué que la Chapelle de Boondael pour accueillir l’humeur sombre et mélancolique de Matt Elliott. Lui, qui a fait du dark folk un nouveau langage émotionnel, lui qui sait murmurer la délicatesse d’une douleur qui ne crie pas, qui ne cherche ni violence ni vengeance, mais caresse et bienveillance. Les sanglots de son saxophone, tout comme les soupirs des cordes de sa guitare dès qu’elles sont effleurées, obéissent à des lois qui leur sont propres, consolés par le silence.
En réalité, ce que Matt Elliott chante c’est une solitude sournoise mais réconfortante, viscérale mais calme, profondément enracinée en chacun de nous. C’est de là que naît la magie de sa musique : les arbres ne sont éloignés qu’en apparence, car leurs racines sous terre ne cessent jamais de se tenir la main. Matt Elliott est une racine commune, il est le véhicule d’une tristesse que nous ne savons pas nous raconter, sauf dans l’espace sûr de l’art. Quand son « chant de douleur », si personnel et intime, est partagé par d’autres voix, alors l’incommunicable devient un langage commun, et la musique une prière laïque qui accueille et protège.