(0)
(0)
Retour vers les news

Le choix de Elias Bachoura (cours de oud/luth arabe)

17 septembre 2014

Juste avant d’entamer la nouvelle saison de cours, nous avons demandé à notre professeur de oud (luth arabe) de choisir trois vidéos qui selon lui sont à voir absolument. Elias Bachoura a étudié le oud au Conservatoire de Damas dans son pays natal qu’est la Syrie. Arrivé en Belgique, il a étudié la composition et l’orchestration au Conservatoire Royal de Bruxelles. Au fil du temps, il a acquis une double connaissance de la musique orientale et occidentale, ce qui le rend critique et attentif en toutes circonstances. La subtilité, le toucher et l’innovation de son jeu, font de lui un musicien de référence.

Chant syriaque Ftahli Mor Traukh (Seigneur, ouvrez-moi votre porte !)

« Difficile de croire que cet air est vieux de plus de deux mille ans ! Il s’agit pourtant d’une mélodie populaire de Syrie et Mésopotamie anciennes. Il y a seize siècles, Saint Ephrem, désireux de convertir le cœur des hommes au christianisme par le chant et la musique, a greffé des textes sacrés bibliques sur les plus belles mélodies profanes. Grâce à lui, ces mélodies ont été conservées par l’église et sauvées de l’oubli. Abir Nehmé, chanteuse syriaque libanaise, met sa technique unique au service de la mélodie, accompagnée par l’orchestre national de Syrie. Chafi Badreddin, compositeur syrien, a su trouver le juste arrangement, apportant une touche de modernité à une magnifique mélodie millénaire. »

Wa Laqad Thakartouki et Billathi Askara

« Restons au Liban avec Fayrouz, chanteuse légendaire, qui ravive ici avec son défunt mari, le maître Assi Al-Rahbany, l’art du mouwachah. Le chant débute par un mouwal, récitatif libre du chant arabe, dans lequel la chanteuse improvise et déploie son art avec d’impressionnantes vocalises et ornements sur un texte d’Antara Ben Chaddad Alabssi. Puis vient le mouwachah, chant classique arabo-andalou, dont le rythme est basé sur la prononciation, à l’inverse de la poésie classique de l’époque qui privilégiait les vocalises rendant le texte moins compréhensible. La danse, al samah, commence directement avec le mouwachah, et était à l’origine réservée aux cours des princes et des sultans.
Les époux nous présentent un art sérieux, raffiné et savant, combinant la danse classique, la poésie accompagnée par une chorale et l’orchestre. On perçoit une réelle volonté d’imiter l’art de l’opéra occidental à travers les orchestrations, harmonisations et même les dialogues entre soliste et chorale, tout en respectant la tradition d’écoute de l’auditeur arabe, pour plaire et réunir les deux publics devant la performance. Cet art était destiné aux élites et connaisseurs, en opposition à la musique folklorique et populaire du Moyen-Orient. »

Isqil Itach : Suite du chant traditionnel méditatif,Damas, par l’orchestre et le chœur de radio et télévision de Syrie

« On raconte qu’en 1776 fut à Alep une sécheresse sans précédents. Les habitants se réunirent alors pour prier et chanter cette suite durant plusieurs heures, pour que Dieu ait pitié de leurs âmes et leur envoie la pluie. Leurs souhaits furent finalement exaucés, et le retour de la pluie fut célébré dignement. Les paroles sont attribuées au Chekh Mouhamad Almenbeji Alhalabi, un musicien rénommé de l’époque. Les gens d’Alep se souviennent et racontent toujours cette histoire, dont le grand chanteur syrien Sabah Fakhri a immortalisé la suite en la chantant dans une série télévisée (Les Mélodies du passé). La suite est très longue et peut durer trois ou quatre heures, mais ceci est une sélection faite par Sabah Fakhri des chansons les plus convenables à son propre style de chant. Aujourd’hui, l’histoire se répète, et les Syriens chantent encore cette suite en attendant que le salut leur soit encore une fois envoyé par les cieux pour mettre un terme à la guerre, la tyrannie et le terrorisme. »